2/ L’approche rhétorique
La force d’un argumentaire repose évidemment en premier lieu sur la solidité de sa structure rationnelle et du bon sens qui (normalement) y préside.
Mais ne nous y trompons pas : les raisonnements les plus performants ne sauraient, dans bien des cas, emporter seuls l’adhésion de nos interlocuteurs.
Car pour convaincre, il ne s’agit pas simplement de « dérouler » son argument, mais bien de savoir faire preuve :
• d’ouverture, pour intégrer différents points de vue ;
• de capacité d’écoute, pour questionner et reformuler ;
• de souplesse, pour intégrer les arguments de ses adversaires ;
• d’assertivité, pour rester calme et intégrer la contradiction ;
• de fermeté, pour répondre à l’agressivité ou à la manipulation ;
• d’attention à l’autre(s), pour garantir la qualité de relation professionnelle et humaine ;
• de rhétorique, pour mobiliser l’autre dans son propre cheminement de pensée et la sensibilité
qui est la sienne.
Or il est vrai, on assiste depuis plusieurs décennies à une montée en puissance des usages négatifs de la rhétorique : rumeur, démogogie, destabilisation, populisme, théories du complot, faits alternatifs, post-thruth politics…
Les réflexes émotionnelles et les opinions approximatives y prennent le pas, de manière de plus en plus systématique, sur la rigueur de réflexion et l’analyse objective des faits.
Ce n’est pas dans cet esprit que nous travaillons la rhétorique.
Et si notre approche ne dénigre pas la dimension persuasive de l’art de l’argumentation, elle s’attache à une utilisation rhétorique mesurée et complémentaire à une argumentation rationnelle dûment construite et expliquée.
Dans ce cadre, il est alors légitime d’utiliser des arguments plus subjectifs, cherchant à partager une argumentation plus émotionnelle ou imaginative, et faisant appel à des symboles, des sentiments ou des valeurs, capables de mobiliser, sensibiliser, motiver, encourager, fédérer, dédramatiser ou mettre en garde…
C’est pourquoi l’argumentation utilise des moyens bien plus variés que les seules ressources intellectuelles. Elle intègre les interlocuteurs dans leurs attentes et les situations dans leurs contraintes.
Ainsi, le sens de l’observation, l’écoute, l’intelligence de situation, la pénétration psychologique, le tact, le respect des valeurs de l’autre, la capacité à saisir les opportunités, le choix du bon moment… sont autant d’atouts majeurs (et parfois déterminants) pour le succès d’un argumentaire.